lundi 16 novembre 2015

Cycle et fertilité (ou comment tomber enceinte pour les nuls)



Pour faire un bébé, il faut être deux, un Monsieur et une Dame. Je parle biologiquement, hein ! Houlà pas d’affolement, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, la GPA, l’homoparentalité toussa, c’est pas l’objet de cet article. Du tout….
Donc, biologiquement, pour faire un bébé, il faut un gamète mâle (spermatozoïde) et un gamète femelle (ovule). Peut-être qu’un jour, ce sera possible d’utiliser deux gamètes mâles ou femelles, mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. Enfin, je crois… Si je me trompe, n’hésitez pas à me corriger dans les commentaires, je suis bloggeuse, pas biologiste. Ensuite, il faut que ces deux gamètes se rencontrent et fusionnent et voiciiii la viiiiie, la vie, la vie. (Si tu ne reconnais pas la référence clique ici et découvre un monument du dessin animé).

Bon, les gamètes mâles, ça va, c’est pas trop compliqué, hein… En gros, l’homme produit des spermatozoïdes toute sa vie, il les expulse quand il veut, enfin presque, et roulez jeunesse…. Simple, basique, efficace.

Du côté féminin, ça se complique un peu…. Ben oui….

Le cycle féminin (ou cycle menstruel)


Reprenons au début. Le stock d’ovules se créé in utero et la petite fille vient au monde avec un stock d’ovules (environ 700 000, je n’ai pas vraiment de chiffre fiable). A la puberté, pouf ! hormones, pouf ! mise en place des cycles, pouf ! apparition des règles. ( et de l’acné, mais ça n’a rien à voir).
A partir de là, à chaque cycle, soit environ tous les mois, plusieurs ovules vont entrer en maturation dans des petites poches appelées follicules, à la surface des ovaires. Sous l’effet des hormones, et plus particulièrement de la FSH (Hormone Folliculo-Stimulante), l’un de ces ovocytes devient dominant et continue à se développer. Les autres régressent.
Ces cycles se poursuivent un petit moment jusqu‘à la ménopause, vers 50 ans.


Un cycle découpé en phases


Trois phases pour être exacte.
Un cycle dure en moyenne entre 26 et 30 jours. Un cycle plus long ou plus court peut tout à fait être ovulatoire et mener à une grossesse, pas d’inquiétude.
La phase 1 est appelée phase folliculaire. Elle est de durée variable et commence le premier jour des règles. ( premier jour avec du vrai sang rouge, on ne compte pas le spotting).
Que se passe-t-il pendant cette phase ? Facile, l’hypophyse, petite glande située à la base du crâne produit de la FSH pour amener un follicule et l’ovule qu’il contient à maturation. Pendant ce temps, le follicule produit des œstrogènes, les hormones féminines par excellence. Ces œstrogènes favorisent l’épaississement de la glaire au niveau du col de l’utérus, on y reviendra un peu plus tard.
La phase 2, c’est l’ovulation à proprement parler. Lorsqu’un follicule est bien mûr, il se produit une forte décharge de LH (Hormone Lutéinisante) due à la forte concentration en œstrogènes. Cette décharge provoque la rupture du follicule et la libération de l’ovule. Il est aspiré dans la trompe de Fallope et commence son chemin vers l’utérus.
La phase 3 ou phase lutéale commence alors. Elle termine le cycle et est toujours, ou presque, d’une durée de 14 jours. L’ovule poursuit sa route, tranquillement vers l’utérus. Attention, il n’est viable et donc fécondable que 24 à 48 heures après l’ovulation.
Pendant ce temps, le follicule, qu’on appelle maintenant corps jaune, produit de la progestérone, l’autre grande hormone féminine. (Quand on parle de pilule oestro-progestative, c’est une pilule qui contient des œstrogènes et de la progestérone). Cette production a pour effet principal d’épaissir la muqueuse utérine, l’endomètre, pour accueillir un éventuel embryon.
Le col de l’utérus, qui s’était ouvert au moment de l’ovulation se referme et se retrouve bouché par une glaire épaisse et la température corporelle augmente légèrement (entre 0.3° et 0.5°).
A ce moment-là, deux scénarii sont possibles :
-          Pas de fécondation-nidation : le corps jaune s’atrophie, les productions d’hormones chutent, l’endomètre se détache et ce sont les règles et le début d’un nouveau cycle.
-          Fécondation-nidation : Un embryon s’implante dans l’endomètre environ une semaine après la fécondation. Il produit une hormone, la hCG (Gonadotrophine Chorionique Humaine), celle-là même qu’on détecte avec les tests de grossesse. Cela maintient le corps jaune en activité, l’endomètre ne se détache pas, bravo tu es enceinte !
Le cycle menstruel





Repérer son ovulation et sa période de fertilité


Je te sens interrogative. Sisi.
« Ben oui, c’est bien gentil de me parler d’hormone et de corps jaune, mais je suis pas là pour un cours de biologie, moi ! Je veux tomber enceinte ! Comment je me repère dans tout ce fatras ?»
J’y viens, j’y viens.

Comme on l’a vu plus tôt, l’ovule ne vit qu’environ 48 heures. Si on ajoute la durée de vie des spermatozoïdes dans le corps féminin (4 à 5 jours), ça ne nous laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Alors comment repérer son ovulation et ainsi maximiser ses chances de concevoir ? A condition d’avoir des rapports sexuels dans cette période, hein ! juste se dire, « Youhou ! j’ovule ! » et se lancer dans l’intégrale de Game of Thrones ça ne sert à rien, on est d’accord.

Plusieurs méthodes sont possibles. La plus simple, mais aussi la plus coûteuse reste le test d’ovulation. Plutôt, les tests d’ovulations, car on en fait rarement un seul. Vendus en pharmacie ou sur internet entre 0.30€ et 2€ l’unité, ils détectent l’hormone LH qui précède l’ovulation. Ils s’utilisent comme un test de grossesse. En gros, tu fais pipi dessus, tu le laisse tranquille environ 3 minutes et tu lis le résultat. Si le test est positif, l’ovulation aura lieu d’ici 24 à 48 heures. S’il est négatif, il faut recommencer le lendemain et le surlendemain et le jour d’après et encore et encore, jusqu’à ce que le résultat soit positif. Tu comprends que ça peut vite devenir onéreux. D’autant plus si tes cycles sont irréguliers et que tu n’as aucune idée de quand va tomber ton ovulation. Mais le résultat est très fiable.
Si tu ne veux pas investir, les méthodes « naturelles » sont faites pour toi.

La première est la méthode Billings ou méthode de la glaire cervicale. Dis comme ça, ça a l’air dégueu. Rassure-toi, ça l’est. Cette méthode, relativement simple et fiable consiste à prélever la glaire sécrétée au niveau du col de l’utérus (je t’avais dit qu’on y reviendrait) et à analyser sa consistance. Cette glaire a une mission très importante, elle guide et nourrit les spermatozoïdes dans leur long périple vers l’ovule. Juste après les règles, elle est peu abondante et crémeuse. Autour de l’ovulation, elle se modifie et devient transparente, abondante et collante. Sa consistance rappelle un peu le blanc d’œuf cru. (Miam). Après l’ovulation, elle redevient crémeuse.
Concrètement, comment on fait. Simple, on introduit un ou deux doigts dans le vagin et on recueille la glaire au niveau du col. Si tu arrives à l’étirer entre tes doigts, c’est un bingo !
Bon, on est d’accord, ça demande d’être un peu à l’aise avec son corps pour aller chercher la glaire. En plus, en cas d’infection ou d’inflammation vaginale, ça n’est plus fiable du tout. Mais ça vaut le coup d’être essayé.

Restons glamour et passons à la deuxième méthode : L’auto-examen du col de l’utérus. Pendant le cycle, le col de l’utérus se modifie. En dehors des règles et de l’ovulation, il est haut, dur et fermé. Au toucher, on croirait sentir un bout de nez (ce qui peut être assez perturbant). Lors de l’ovulation, il s’ouvre et se ramollit pour laisser le passage aux spermatozoïdes. On peut y insérer le bout du doigt et sa consistance est proche de celle d’une lèvre.
Pour l’examiner, on insère un ou deux doigts dans le vagin. Propres les doigts et avec les ongles courts, pour éviter les infections, c’est mieux. Au fond, on sent un genre de boule ou de cône, c’est le col de l’utérus. Pour s’examiner confortablement, plusieurs positions sont possibles, allongée, accroupie, une jambe posée sur une chaise ou le rebord d’une baignoire…. Choisis celle qui te convient le mieux.
Encore plus que pour la méthode Billings, il faut être à l’aise avec son corps et avoir un peu de pratique pour différencier un col fertile d’un col non fertile. Au bout de 3 ou 4 cycles, on y arrive assez bien.

Si tu as déjà traîné sur des fora/blogs/sites traitant de fécondité et de désir d’enfant, tu as sans doute entendu parler de la troisième méthode : la courbe de température et de l’obsession que certaines développent vis-à-vis de leur thermomètre.
Comment ça marche : Comme on l’a vu précédemment, la sécrétion de progestérone augmente légèrement la température corporelle entre l’ovulation et l’arrivée des prochaines règles. La montée de température a lieu le lendemain de l’ovulation, on la détecte donc à posteriori.
Pour faire une courbe de température interprétable, c’est assez contraignant. Il faut prendre sa température tous les jours, à la même heure, avant de se lever avec le même thermomètre. Ensuite on reporte la température sur un graphique et on obtient une courbe. De nombreux sites proposent aujourd’hui de faire des courbes. Il suffit de rentrer les températures et le logiciel trace la courbe et calcule la date d’ovulation. On a par exemple : www.mamanandco.fr , www.macourbe.com , www.etreenceinte.com , etc…
La courbe, c’est bien, mais c’est parfois peu fiable. Il suffit d’un léger rhume ou d’un état de stress pour modifier la température et rendre impossible la lecture d’une courbe. D’ailleurs, elle est bien plus efficace pour vérifier que l’ovulation se produit bien que pour débuter une grossesse. C’est pour ça que, quand il y a des difficultés à concevoir dans un couple, le médecin commence par demander 2 ou 3 courbes de températures.

Une courbe de température

Si on couple la température, l’examen du col et Billings, on obtient la méthode dite « sympto-thermique ». Très fiable, mais assez contraignant.

Je terminerai par un petit mot sur la méthode Ogino. Plus connue comme méthode contraceptive, elle peut aussi servir pour la conception. Enfin, elle pourrait…. Si elle marchait. Tout d’abord, elle ne concerne que les cycles réguliers. Si tu as une fois un cycle de 25 jours, puis un cycle de 40 jours, puis un cycle de 28 jours, tu peux l’oublier. Ensuite, ben, ça transpire pas la science, quoi…..
Cette méthode se base sur l’observation des cycles précédents pour prédire la période fertile sur les cycles suivants. Sinon, le marc de café et les entrailles de poulet, ça marche pas mal aussi, il parait….
Bref ! Pour commencer, il faut mesurer ses cycles pendant un an. Oui, oui, un an… Enfin douze cycles quoi…. Et des cycles naturels, hein ! sans contraception. Relou.
Ensuite on fait un petit calcul :
1er jour de la période fertile = 10 + longueur du cycle le plus court des 12 derniers – 28.
Dernier jour fertile = 17 + longueur du cycle le plus long des 12 derniers – 28.

Un petit exemple : Sur tes 12 douze derniers cycles, le plus court était de 27 jours et le plus long de 31 jours.
Ogino nous donne donc :
1er jour fertile = 10+27-28 = 9
Dernier jour fertile = 17+31-28=20
Ta période fertile est donc comprise entre le 9ème et le 20ème jour de ton cycle.
C’est précis, non ?


Bien bien bien… Je pense qu’on a fait le tour et qu’à présent ta fertilité n’a plus de secret pour toi !
Comme toujours, réactions, questions, corrections éventuelles et compléments sont les bienvenus dans les commentaires !

A bientôt, Kaumeth.